Visuel « Qui s’occupe des hommes violents? »
25.10.23

« Qui s’occupe des hommes violents? »

Décriés par les uns, les stages de responsabilisation pour auteurs de violences conjugales sont défendus par d’autres comme un moyen de se confronter au passage à l’acte et d’enrayer le cycle de la brutalité. En Occitanie, dans la deuxième région la plus touchée par les violences intrafamiliales, douze auteurs de agressions reviennent sur les faits. Reportage.

Vous avez vu, Tina Turner est morte cette nuit!”, s’exclame Michel*, grand quinquagénaire dégarni, avant d’ajouter, tristement dans le contexte: “Elle a vraiment morflé avec son mari”, faisant référence au destin tragique de la chanteuse, devenue
malgré elle le visage des violences conjugales. Long silence dans cette pièce éclairée
au néon dans le quartier de Celleneuve à Montpellier, où douze auteurs de violences conjugales se font face. Neuf hommes, trois femmes. En ce jour grisâtre de mai, tous effectuent un stage de responsabilisation après un premier passage à l’acte – secouements, coups et blessures, menaces de mort sur conjoint(e) –, dans le cadre d’une “composition pénale”, une alternative aux poursuites proposée par le procureur. Le compromis: une reconnaissance des faits à travers un stage obligatoire et payant à la charge de l’accusé – entre 150 et 350 euros selon les structures – au lieu d’un passage devant le tribunal. Pendant deux jours, ils évoqueront avec juristes et psychologues le cycle de la violence en couple et l’ampleur des peines pénales encourues. L’objectif affiché dans cette région où les violences conjugales ont augmenté de 22% en 2022 et où les féminicides sont surreprésentés (1): “Toucher du
doigt la source de la violence et lutter contre la récidive”
, expose Béatrice De Zan, juriste de l’Association d’entraide et de reclassement social (AERS) qui organise la tenue de ces stages à Montpellier.

Je m’attendais à être entouré de mecs costauds et virilistes, je suis avec monsieur et madame Tout-le-monde. Théo, participant à un stage de responsabilisation pour auteurs de violences conjugales



Autour de la table, tous essayent de s’éviter du regard, tâche rendue complexe par la disposition de la table en U au milieu de cette pièce étroite. Triturés par les uns, pliés par les autres, les sachets de madeleine et les gobelets en plastique semblent être leur seule échappatoire. Tous ont vécu les événements successifs de la trajectoire judiciaire: arrestation, garde à vue, procès-verbaux. Âgés de 25 à 59 ans, ils sont comptable, boucher, manager de banque, expatrié, routier et témoignent de la banalité d’un échantillon de population pour qui le foyer est devenu un terrain hostile.

La suite du reportage est à lire dans le dernier numéro de So good, en kiosque.

Par Victoire Radenne
Illustration: Cécile Bicler