Visuel Changer les imaginaires sur l’agriculture: portrait de Paul François
26.05.23

Changer les imaginaires sur l’agriculture: portrait de Paul François

Il est aujourd’hui l’un des symboles de la lutte contre l’industrie agrochimique. Producteur enthousiaste en intensif au début des années 1990, l’agriculteur Paul François est victime en 2004 d’une grave intoxication au Lasso, un herbicide Monsanto. Après 15 ans de procédure et de troubles neurologiques, il parvient à faire condamner la firme en novembre 2022, une victoire inédite. Violemment agressé fin janvier, le Charentais oscille aujourd’hui entre colère, espoir et volonté de faire changer les imaginaires sur l’agriculture. Portrait d’un homme debout.

On pourrait penser que rien ne prédestinait Paul François au combat titanesque contre le géant de l’agrochimie Monsanto, qu’il allait mener à l’aube de ses 40 ans.

De ces combats qu’on compare volontiers à la parabole biblique de David contre Goliath. Mais sa personnalité indépendante trouve sa source dès son éducation et se développe tout au long de son parcours, pourtant assis sur une histoire classique de l’agriculture française. Dans cette trajectoire singulière, la famille tient une place essentielle, le père tout particulièrement, qu’il continue d’appeler papalorsqu’il en parle. Agriculteur, celui-ci quitte sa Vendée natale dès 1950 pour s’installer avec sa femme dans le nord de la Charente. Paul est le cinquième d’une famille de six enfants. Il ne brille pas à l’école, et lorsque son frère, pressenti pour reprendre l’exploitation, décide d’une autre voie, il accepte la proposition d’intégrer en alternance une maison familiale rurale, un établissement scolaire associatif dans le domaine agricole. “Je ne suis pas vraiment devenu agriculteur par passion, plutôt par défaut, j’avais 14 ans en 5e, je mettais quand même beaucoup de bonne volonté pour rester à l’école.” Il connaît bien l’exploitation pourtant, une ferme de 80 hectares basée sur la polyculture et l’élevage, où il a travaillé tous les étés – en étant rémunéré, papacroit à l’adage “tout travail mérite salaire”. Et les engagements de Monsieur François père ne se limitent pas à ses propres enfants: le jour de la naissance de Paul, il est en train de manifester à la préfecture, et durant toute sa carrière, il militera pour les droits des fermiers, contre leur expulsion de leurs terres, pour l’éducation et encouragera même son salarié Gilbert à monter la première structure CFDT en Charente, un comble. Il sera aussi l’un des fondateurs de la FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, aujourd’hui devenue une puissante organisation que Paul ne porte guère dans son cœur.

Par Marie Arquié.

Lire la suite du portrait dans le dernier numéro de So good, en kiosque!