Alors que la mobilisation des agriculteurs.ices se poursuit en Europe, une récente décrit comment l’écologie pourrait faire économiser une somme considérable au secteur agricole tout en améliorant la santé des humains et des sols. De quoi tordre le cou aux idées reçues ?
Fin janvier, la Food System Economics Commission, une commission réunissant plusieurs scientifiques indépendants, a publié un rapport montrant les liens entre écologie et agriculture. Une publication au tempo remarquable puisqu’elle survient en plein milieu de la mobilisation des agriculteurs et agricultrices en Europe, rompant avec la petite musique qui consisterait à opposer écologie et agriculture.
Sauver 174 millions de vies
Que cela soit du côté de la FNSEA, la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, ou de la droite, l’écologie semble avoir été présentée comme la cause même de la colère des agriculteurs. Pourtant, d’après l’étude de la Food System Economics Commission, la transition écologique pourrait rapporter au monde entier jusqu’à 10 000 milliards de dollars chaque année par effet d’économie en matière de dépenses sociales, environnementales et sanitaires.
Actuellement, c’est tout l’inverse selon la commission : le système agricole mondial ferait perdre à l’économie près de 15 000 milliards de dollars chaque année, soit environ 10 % du PIB mondial. En cause, des méthodes agricoles industrialisées et polluantes qui contribuent à la hausse des maladies liées à l’alimentation et à la dégradation des sols. Les chercheurs estiment que d’ici 2050, de meilleures pratiques pourraient ainsi éviter 174 millions de morts prématurées dues à des maladies chroniques liées à l’alimentation.
2 à 4 milliards de pertes en 2022
Il y a quelques semaines, c’est le Haut conseil pour le climat qui appelait à un changement de cap des politiques alimentaires et agricoles. L’instance prend l’exemple de l’année 2022, où le dérèglement climatique aurait causé 2 à 4 milliards de pertes. Mais alors pourquoi la transition écologique bloque encore ? Une piste se trouve peut-être dans la notion “d’agriculteurs”, où se côtoient aussi bien dirigeants industriels que petits paysans, deux profils qui sont loin d’avoir le même poids décisionnaire dans la politique agricole commune de l’Europe. Et les financements de cette dernière restent, eux, majoritairement fléchés vers des pratiques industrielles et intensives.
En France, bien que la FNSEA et d’autres syndicats ont levé les blocages suite aux annonces du Premier ministre Gabriel Attal, la Confédération paysanne réclame toujours des revenus dignes et des prix garantis. Selon le syndicat paysan, la survie du bio est en jeu, mais aussi celle des agriculteurs.
Par Louna Galtier Oriol.