Visuel Portrait d’une Franjyne
09.04.21

Portrait d’une Franjyne

Julie Meunier n’a pas le temps. En plus d’avoir créé une marque d’accessoires à franges pour les personnes atteintes d’un cancer, la jeune femme raconte comment la maladie l’a « transformée » dans son premier livre “À mes sœurs de combat”, paru le 20 janvier dernier. 

“Dans un mois, on fête notre quatrième année.” Sourire rayonnant aux lèvres, Julie Meunier est heureuse de voir prospérer son entreprise sociale et solidaire Les Franjynes qui propose depuis 2016 une alternative aux perruques – entièrement remboursée par la Sécu – pour les personnes atteintes d’alopécie à la suite d’un choc émotionnel ou d’une maladie. Chaque année, la start-up qui présente des franges que l’on recouvre d’un bonnet, d’un turban ou d’un béret, aide près de 3000 personnes par an. Et il y en a pour tous les goûts puisqu’en plus des femmes, la marque propose des modèles pour hommes et enfants. Julie Meunier a eu cette idée ayant elle-même été atteinte d’un cancer à 27 ans. Un ennemi qu’elle aura baptisé Jean-Yves pour dédramatiser mais qui l’obligera à endurer 18 mois de traitement : à savoir, 24 chimiothérapies, 2 opérations et 40 séances de radiothérapie, et 5 ans d’homonothérapie. Joli programme. « Ce sont des traitements longs et si en plus, on ne se reconnait pas ou si on ne sent pas bien dans sa peau, garder le moral est encore plus difficile, raconte la jeune femme aujourd’hui âgée de 33 ans. Avec Les Franjynes, je voulais mettre au cœur de la maladie quelque chose de beau. Ce n’est pas parce qu’on est malade, qu’on n’a pas le droit d’être stylé. »  

Basée à Nice, les Franjynes repose sur un fonctionnement éthique et responsable : « On achète que des fins de rouleaux, du stock dormant de tissus provenant de grandes maisons françaises et nous produisons nos bonnets par des ateliers qui emploient des personnes en situation de handicap. » Consciente que la guerre contre le cancer est loin d’être terminée, Julie tient à reverser une partie de son chiffre d’affaires à la recherche. Si l’objectif 2021 est désormais de structurer l’entreprise, Julie souhaite aussi prendre soin d’elle : « Ça fait 5 ans que j’ai la tête dans le guidon sachant que j’ai eu un cancer et que je fatigue vite. » Car en plus d’être auto-entrepreneuse, Julie est depuis peu autrice – « la surprise de fin 2019 ». Jamais, elle n’aurait imaginé qu’un jour, elle recevrait un email de Larousse lui déclarant : « Cela fait 4 ans que nous vous suivons sur les réseaux sociaux, et nous adorons votre écriture et votre façon de décrire certaines situations compliquées. Nous aurions un projet de livre à vous proposer. » Heureusement, la jeune femme est assise. « Ça ne faisait pas du tout partie de ma to-do list, rit-elle. Au début, je ne m’en croyais pas capable et puis j’ai réalisé qu’une telle proposition ne pouvait se présenter qu’une fois et qu’il fallait que je le fasse. Aussi bien pour moi que pour les personnes qui vont rentrer dans la bataille ou qui sont en rémission. » Après douze mois d’écriture nocturne, Julie publie “À mes sœurs de combat” un recueil de 300 pages dans lequel elle raconte son parcours face au cancer. « Me replonger là-dedans n’a pas été facile. Mais à la fin du bouquin, je me suis sentie en paix avec ce qu’il m’était arrivé. » Julie ne peut s’empêcher de remarquer qu’une symbolique plane autour de ce livre, et on comprend pourquoi : « Il sort l’année où si tout va bien, dans quelques mois, on va me déclarer officiellement guérie ! »