Visuel L’homme qui ne baissait jamais les bras
09.04.21

L’homme qui ne baissait jamais les bras

Depuis 2018, Taha Siddiqui -prix Albert-Londres de l’audiovisuel 2014- a trouvé refuge en France. Il y a ouvert son bar à Paris, le Dissident Club, point de chute pour révoltés, dissidents ou encore lanceurs d’alerte. Nous lui avions rendu visite pour le premier numéro de So good. Un an après, on reprend de ses nouvelles.

Comment se passent vos projets ? Le bar est-il toujours d’actualité ? 

Taha Siddiqui : Je continue à enseigner les droits de l’Homme et les médias à Science po Paris, pour cela tout se passe bien. A son ouverture en janvier 2020, le bar fonctionnait plutôt bien ! Mais comme tout le monde, j’ai dû fermer à cause de la pandémie. Ces derniers mois furent extrêmement difficiles pour ma femme et moi mais nous avons tenu. Maintenant, je peux vous annoncer que nous réouvrons le Dissident Club pour vendre de la nourriture aux populations du quartier vivant avec de faibles revenus (étudiants, réfugiés, ouvriers, …).

Ça n’a pas été trop difficile de fermer le bar ? 

Par une campagne de financement participatif lancée en octobre 2020, nous avons réussi à récolter 10 000 euros pour rouvrir le bar. Nous avons pu limiter nos pertes et réaménager notre cuisine. Les travaux sont enfin terminés et nous pensons pouvoir servir à emporter d’ici 2 à 3 semaines. On veut rester dans la même idée que le bar : un lieu de socialisation pour les dissidents et les populations précaires du quartier. On y proposera des spécialités pakistanaises et de partout ailleurs ! Avant, les personnes échangeaient au bar en se racontant des histoires. Là, on va essayer de les connecter avec la nourriture. 

Comment avez-vous réussi à garder cette motivation ? 

C’est la question la plus difficile à laquelle je dois répondre. Certains jours, nous nous sommes sentis extrêmement déprimés. Mais cette pandémie nous a obligé à nous réinventer. Quand le confinement a commencé et qu’on a fermé, je ne pensais pas que l’on tiendrait. Mais un an plus tard, nous survivons. Nous avons un dur passé, nous sommes des combattants et nous avons également reçu beaucoup de soutiens de notre entourage. Ça nous a aidé à aller de l’avant. On essaye surtout de rester occupés : j’ai intégré le conseil citoyen du 9è arrondissement de Paris, j’ai une BD en cours de route sur laquelle j’ai déjà produit 200 pages sur les 300 prévues. Avec l’éditeur, on espère pouvoir le finir et faire la promo en 2022, dans le cadre du festival de la Bande Dessinée d’Angoulême.