Visuel Et Dieu créa la flemme
27.03.23

Et Dieu créa la flemme

La flemme, un phénomène générationnel des années 2020? Que nenni, cet art de vivre est loué dès l’Antiquité. Tour à tour célébré ou honni, il connaîtra par la suite des fortunes diverses. Balade en traînant les pieds, dans 20 siècles de paresse.

L’antiquité: L’otium, un art de vivre

Chez les Romains comme chez les Grecs, la flemme avait le vent en poupe. L’otium, mot latin qui signifie loisir, inaction, repos, calme, était même hissé au rang d’institution. Il était tout naturel de se retirer pour contempler la nature loin du brouhaha de la cité avec pour seul but une quête profonde de bonheur et de liberté. Au premier siècle après JC, le philosophe stoïcien Sénèque y a même dédié une partie de son temps en écrivant son Éloge de l’oisiveté, un contre-point nécessaire selon lui au negotium, l’activité des affaires courantes qui gaspillent le temps. Mais n’allez pas croire qu’il s’agit de ne rien faire: le philosophie professe un “exil de l’intérieur”, fait de contemplation et de méditation. Jusqu’au XIXe, l’oisiveté restera une marque de distinction sociale des élites, les différenciant du reste de la population.

VIe siècle: Flemme fatale

Au Moyen-Âge se produit un tournant sous l’influence de l’Église: la paresse devient indésirable. Les théologiens chrétiens incluent dans la liste des péchés capitaux “l’acédie”, cette flemme associée à la lenteur. Car cette faute mortelle conduit au gaspillage d’un bien des plus précieux accordés à l’homme par Dieu: le temps. La paresse n’est alors pas encore comprise comme un refus de travailler, mais plutôt comme une torpeur spirituelle détournant de l’exercice religieux. Fatal.

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Par Apolline Calucci et Eléonore Thery.