On se demande souvent oĂč les gens lisent cette newsletter. On imagine quâun certain nombre dâentre-vous la lisent au rĂ©veil, dâautres pendant leur pause cafĂ©, mais peut-ĂȘtre aussi dans le mĂ©tro en allant au boulot. Et puisquâon aime bien rĂȘver chez So good, on sâest dit que peut-ĂȘtre que parmi nos lecteur·ices il y avait une certaine Jessica Watkins qui a lu So good morning en se rendant au boulot jeudi dernier. Mais comme dâhabitude, la rĂ©alitĂ© a fini par nous rattraper. DĂ©jĂ on a rĂ©alisĂ© que cette newsletter sort le lundi matin et non le jeudi, ensuite on ne sait pas si Madame Watkins lit ou parle le français, et enfin, on ne sait pas du tout sâil est possible de lire une newsletter avec autant de facilitĂ© sur une navette spatiale que dans une rame de la RATP.
Parce que dans la nuit de jeudi Ă vendredi dernier, Jessica Watkins et quatre autres astronautes dont lâitalienne Samantha Cristoforetti se sont rendu·es Ă lâISS pour un sĂ©jour de cinq mois. En soit, 5 personnes qui vont faire un tour lĂ -haut nâest pas exceptionnel, iels sont tout de mĂȘme plus de 200 astronautes Ă y ĂȘtre allé·es depuis lâan 2000 (autant que dans votre rame RATP), mais cet aller-retour-ci est un peu plus symbolique que dâhabitude. Câest la premiĂšre fois quâune femme noire sĂ©journera dans la colocâ du cosmos. MĂȘme si quatre femmes noires se sont dĂ©jĂ rendues dans lâespace avant, aucune nâa vĂ©cu sur lâISS. âCâest un hommage Ă lâhĂ©ritage des femmes noires astronautes qui y sont allĂ©es avant moi mais aussi un signe de lâavenir excitant qui nous attendâ a-t-elle dĂ©clarĂ©. En effet, depuis quelques annĂ©es, Ă lâexception des rovers sur Mars et des images incroyables quâils nous envoient, lâexploration spatiale nous fait de moins en moins rĂȘver. LĂ oĂč avant les missions pouvaient faire fantasmer toute lâhumanitĂ© parce que tous pouvaient sây identifier, aujourdâhui câest plus compliquĂ© de sâidentifier Ă Jeff Bezos, Elon Musk (mĂȘme si câest sur sa fusĂ©e que vole Jessica Watkins et ses camarades) et Richard Branson qui franchement avec leurs manĂšges spatiaux, nous gavent. Faire dĂ©coller les Ă©missions carbones pour la recherche scientifique, on comprend. Mais si câest juste pour se balader, on ne comprend plus du tout.
Or, dâici 2025, on devrait assister de nouveau Ă un alunissage si la NASA se tient Ă son calendrier. Et cette mission-lĂ , remĂ©diera Ă un lĂ©ger hic historique : plus de la moitiĂ© de lâhumanitĂ© a en effet du mal Ă se retrouver dans Neil Armstrong et ses successeurs, car aucune femme nâa jamais posĂ© son pied sur la Lune. La premiĂšre sera peut-ĂȘtre Jessica Watkins ? On ne le sait pas encore, mais tout ce quâon sait câest quâon a hĂąte de regarder ce petit pas pour une femme et ce grand bond pour lâhumanitĂ©.